Le samedi 17 novembre, à Neuville de Poitou, les fraternités Sainte Collette de Bressuire et Notre Dame des Anges de Loudun se sont retrouvées pour une journée de récollection pour se préparer au temps de l’Avent. Françoise nous partage son expérience.
« La journée s’est déroulée avec une alternance de temps d’enseignement, de méditation, de prière, d’échanges pour cheminer en compagnie de François, d’Elizabeth de Hongrie, des frères et sœurs.
La minorité est fondatrice de l’ordre : elle est l’état des gens sans importance, sans pouvoir, exposés au mépris et a l’insécurité. Mais elle est aussi une vertu. La simplicité franciscaine est le fruit d’une maturité spirituelle, elle nous fait passer du « vouloir conduire sa vie par soi-même » à un abandon à la volonté de Dieu, dépouillement consenti qui nous permet de mettre le frère en premier. C’est la liberté de suivre le Christ.
Être mineur et agissant c’est renoncer à sa propre perfection, pureté, certitude et rentrer dans la relation à l’autre.
Dans ce temps de l’Avent, Marie est témoin de cette minorité.
Nous avons lu en petit groupe l’Article 13 du Projet de vie de l’Ordre Franciscain Séculier qui ouvre à cette minorité :
« En tout homme le Père des cieux voit les traits de son Fils, premier-né d’une multitude de frères; de même les laïcs franciscains accueilleront d’un cœur humble et courtois tout homme comme un don du Seigneur et une image du Christ.
Le sens de la fraternité les disposera à considérer avec joie comme leurs égaux tous les hommes, surtout les plus petits, pour lesquels ils chercheront à créer des conditions de vie dignes de créatures rachetées par le Christ. »
Un extrait d’un livre récent sur frère Eloi Leclerc nous a aussi aidé dans notre réflexion:
« La minorité, observe Eloi, est aussi simplicité. Non point, dit-il, ingénuité, spontanéité naturelle. La simplicité franciscaine, nous dit-il, est « le fruit d’une maturité spirituelle. Nous ne sommes pas simples au départ mais plutôt doubles, voir multiples ». Nous ne cessons de jouer un personnage, nous nous obstinons à vouloir orienter notre vie selon nos vues, notre propre idéal de perfection. « Or, tant que nous nous obstinons à vouloir conduire notre vie par nous-mêmes, nous ne sommes pas simples. […] La “sainte et pure Simplicité” est le fruit [d’une] détente intérieure qui laisse à Dieu l’entière initiative de nous conduire par ses chemins à lui. » Lâcher prise, lâcher la barre, « perdre pied », nous dit même Eloi, est si difficile que cela peut nous sembler un suicide. Mais Dieu attend « jusqu’au lever du jour. [La personne] se trouve seule [alors] avec sa liberté, aux prises avec la Réalité infinie. Jusqu’au moment où le dépouillement consenti est tel qu’il fait place à une communion ineffable ». (Sauquet Michel. Eloi Leclerc ou l’espérance franciscaine. Biographie. Paris : Salvator, 2018.)
Dans l’histoire du lépreux blasphémateur (Actus XXVVIII), je comprends le lépreux qui ne se supporte plus au point qu’il envoie balader tout le monde. François aidé de ses frères, va vers lui pour le laver, le réhabiliter.
Nous avons terminé notre journée par un « Abécédaire de la minorité » : en face de chaque lettre de l’alphabet nous avons mis un mot qui dans la vie de François évoque la minorité. Puis nous avons mis un mot pour vivre la minorité dans notre quotidien. Le Père Jean-François nous a demandé, chaque jour de l’Avent de prendre une lettre de notre abécédaire et d’essayer de la vivre concrètement.
En conclusion, ce temps nourrit et éclaire sur le sens et la justesse de nos actes dans un quotidien incarné. »
Pour lire les textes utilisés à la récollection: Frère mineur, la grace d’un nom – Textes