Nous savons peu de chose sur cette « Pieta » en pierre calcaire polychromée. Son aspect semble traduire une origine catalane. Mais aucun document à l’heure actuelle ne vient confirmer cette origine. Nous ne connaissons pas son commanditaire. Aussi, cette Vierge du XVI° siècle, dite « Vierge Miraculeuse » proviendrait du couvent des Cordeliers (franciscains) de Bressuire.
Son histoire semble riche…. mais inaccessible. Les travaux de restauration réalisés sur l’œuvre récemment ne donnent que des indices que des documents scripturaires ne viennent hélas pas éclairer. Elle a connu de nombreuses retouches, de nombreux « emplâtres », plusieurs couches de peintures. Des traces de terre nous laissent à penser qu’elle a été enterrée. Pour la protéger des violences révolutionnaires, de la vengeance républicaine, d’un inventaire contesté…. Nous restons là encore dans le domaine de l’hypothèse.
Après 18 mois d’absence, c’est avec beaucoup de joie que la Communauté chrétienne de Bressuire a vu revenir restaurée cette merveilleuse œuvre de foi. C’est donc au cours de la célébration de l’Assomption que les fidèles ont pu à nouveau se tourner vers « La Vierge miraculeuse des cordeliers« . Réinstallée quelques jours auparavant avec beaucoup de soin par les services municipaux (que nous remercions ici vivement), elle a repris sa place sous le grand vitrail de la Crucifixion. Aussi la messe du 15 Août s’est conclue par une procession avec fleurs et lumières vers la Pieta. Et l’assemblée a reçu la bénédiction du Seigneur depuis les marches de l’autel marial.
Le visiteur prendra le temps de contempler cette Vierge assise, toute emplie de sérénité autant que de tristesse. Son voile doré entoure de lumière l’expérience douloureuse d’une mère tenant dans ses bras son fils mort. Sa longue robe « bien mise » ouvre à la dignité de la vie au cœur même du non sens de la mort. Le Christ est là, posé sur les genoux. Horizontal. Comme le signe des bras de la croix qui confessent l’humanité du Fils de Dieu venu partager notre condition. Les mains jointes, en prière, ouvrent au croyant une autre direction et invite l’homme à faire monter sa prière vers le ciel. Le Christ porte sur sa tête inclinée en arrière une couronne d’épines. Témoignage des derniers affronts ou attestation d’une royauté qui dépasse la mort et les violences de notre humanité?
Cet ensemble est installé sur un support assez récent en bois blanc portant un titre énigmatique: « Vierge Miraculeuse« . De quel miracle parle-t-on ici? L’histoire locale n’apporte aucun récit. Miracle d’une Vierge qui a traversé les siècles…. Prière exaucée d’un cordelier oublié….. Cris de détresse de notre humanité lépreuse entendu….. Retour inespéré d’un enfant des chemins creux de la Vendée ou des tranchées…. Miracle à jamais tenu caché, sauf pour le pèlerin qui se met à nu devant son Dieu mort-nu pour lui confier sa pauvreté dans un cœur à cœur silencieux et qui repart avec au cœur la certitude d’avoir été entendu.
P. Jean-François BLOT, ofs
Assistant Régionale Poitou-Charentes
Curé de la Paroisse saint Hilaire en Bocage
