A Dieu Frère Michel

Michel CAMUS
      Michel CAMUS

G48C’est le dimanche 28 août que notre frère Michel Camus a tourné la dernière page du livre de sa vie sur terre.

Le premier chapitré de son enfance à débuté à Réaux où il est né et a été baptisé. Il est deuxième enfant d’une fratrie de 8, d’une maman agricultrice et d’un papa préparateur en pharmacie.
C’est à l’âge de 16 ans qu’il fait le choix de mettre un terme à ses études pour entrer dans la vie active. Il vient rejoindre sa grand mère sur propriété de Réaux pour remplacer le domestique mobilisé. Il apprendra l’agriculture et la viticulture « sur le tas ». A la fin de la guerre, l’université catholique d’Angers proposeras aux jeunes agriculteurs une formation par correspondance qu’il suit avec bonheur. A cette période, il entre dans la JAC très active dans le secteur. Elle est le creuset qui donnera à cette jeunesse éprise d’idéal, le goût d’entreprendre, d’innover en même temps que le fierté de leur profession.
Avec d’autres, il fondera les premières CUMA (Coopératives d’Utilisation de Matériel Agricole). Durant 18 ans, il siégera au conseil municipal de sa commune.

Le goût de la lecture ne l’a jamais quitté et chacun reconnaîtra en cet autodidacte, un homme cultivé, doué d’une remarquable mémoire. Conjointement, il parfait sa culture religieuse qui conforte une foi solide.
N’ayant pas fait la rencontre décisive qui lui eut permis de fonder une foyer, il vivra son célibat comme un élément de sa vocation propre.

C’est donc un homme mûr qui entre à la Fraternité Séculière de St François dans les années 70 /75, introduit par l’ami de jeunesse Robert Saint.
Là aussi, il vit son engagement comme une réponse de sa part à une vocation. De longues années d’échanges, pas toujours aisés, de partage avec ce frère singulier, d’un droiture absolue, d’une fidélité sans faille à ce qu’il pensait être la volonté du Seigneur.
Avec nos sœurs Clarisse de La Rochelle, se nouèrent des liens profonds et chaleureux avec celui qu’elles appelaient affectueusement « frère Michel ».
Dans la spiritualité franciscaine, il trouva une résonance à son amour de la terre, à la contemplation et au service de la création, au respect de la nature.

Après le décès de sa maman, c’est dans la sobriété prônée par le Petit Pauvre d’Assise qu’il justifiait le choix d’un mode de vie plus qu’austère. Il se refusait le confort élémentaire qu’aurait pu lui procurer le fruit de son travail.
Seuls ses proches ont pu deviner ce qu’a pu être sa véritable entrée dans la pauvreté radicale quand, le grand âge venant, il lui a fallu quitter un métier autant qu’un mode de vie auquel, par fidélité à ses ancêtres, il était si attaché.

Le dernier chapitre s’est donc écrit à la maison de retraite d’Archiac où il affirmait que désormais sa « vocation » était de lire, encore et toujours… Sauf le dimanche, disait-t-il à ses visiteurs car c’était le jour du Seigneur!
Ultime dépouillement : sa vision s’est dégradée au point de le priver de lecture. Il s’est donc préparé à tourner la dernière page de sa vie sur terre. Il est entré dans son éternité un dimanche.

Voici ouvert devant lui le Grand Livre de la Connaissance, propre à combler son insatiable curiosité. Gageons qu’il piaffe d’impatience de nous faire partager ses découvertes.

Annie Robert